le mouvement dans l’image fixe et la mise en mouvement des images

 

Compétences travaillées:

– La narration visuelle
– La conception, la production et la diffusion de l’œuvre plastique à l’ère du numérique
– Le numérique en tant que processus et matériau artistiques (langages, outils, supports)
– Les métissages entre arts plastiques et technologies numériques


Les différentes pistes de travail que nous vous présentons ici ont été élaborées dans le cadre de la journée de stage du 19 Octobre 2011 avec les professeurs contractuels de l’académie de La Réunion, à l’IUFM de Saint Denis.

Nous nous sommes fixés comme axe de réflexion commun : le mouvement dans l’image fixe et la mise en mouvement des images. Cela s’inscrit dans le cadre des nouveaux programmes de cycle central, « Les images et les relations temps/espace ».

Nous avons commencé par envisager la représentation du mouvement dans une image fixe.
Montrer le mouvement, c’est suggérer plastiquement la vitesse, le dynamisme, le déplacement à travers :
– l’utilisation des codes graphiques de la BD
– la décomposition du mouvement : superposition, flou, répétition
– le bougé photographique
– le rythme, le dynamisme des lignes dans une représentation abstraite.

S’interroger sur la représentation du mouvement conduit également à réfléchir sur l’expression de la temporalité, de la durée :
– dans une image unique : processus créateur visible (traces, coups de pinceaux, gestualité, corps de l’artiste en action…); absence / présence; fini / non fini
– dans une séquence d’images : story-board, BD, série, chronophotographie

Suggérer le mouvement peut enfin passer par un travail sur le cadrage (effets de champ, contre-champ, plan d’ensemble, plan rapproché, cadre / hors-cadre…)

Dans un deuxième temps, nous avons abordé, non plus la représentation du mouvement, mais sa présentation, avec la mise en mouvement des images. Il y a alors tout ce qui relève d’un côté des images animées : flip book, vidéo, diaporama ;
et de l’autre, du mouvement réel, à travers différents dispositifs de fabrication :
– par la forme de la fabrication ou ses matériaux : légèreté, suspension, système de roue / toupie / axe pivotant, motorisation
– par l’air, le vent, l’eau (possibilité d’utilisation des ventilateurs de la salle)
– par la manipulation : marionnettes, théâtre d’ombre …
– par l’intervention du spectateur : en passant, en tirant, en poussant la fabrication

A partir de ce premier temps de réflexion commune, nous nous sommes divisés en petits groupes pour élaborer différentes propositions de cours. Celles-ci se présentent avant tout comme des pistes qui demandent à être approfondies.


Groupe 1 :

LA BOITE A RYTHME:

– Etape 1 : une feuille de papier est disposée au fond d’une boîte à chaussures, un objet enduit de peinture y est placé. Il est demandé aux élèves de faire bouger l’objet dans la boîte par les mouvements de son corps. L’objet y laisse des traces. Les élèves réalisent 5 ou 6 expériences très courtes, jouant sur différents rythmes et mouvements : lent, rapide, contrôlé, incontrôlé, en sautant sur place, en marchant, en réagissant à un son ou à une musique …

*Objectif :

aborder la trace du mouvement, le geste, l’empreinte.

– Etape 2 : Proposez une mise en scène rythmée de vos empreintes par l’assemblage.
Les élèves s’associent par deux et mettent en commun leurs expérimentations : ils ont alors à leur disposition les douze feuilles correspondant aux six expériences effectuées à l’étape 1.

En prélevant, découpant, associant, assemblant, collant les différentes empreintes, ils créent une nouvelle composition rythmée. Celle-ci pose la question du format, qui peut se déployer dans l’espace.

Dans cette proposition de séquence, plusieurs pistes sont proposées :
– L’objet peut être enduit (dans l’étape 1) de différentes couleurs ou seulement en noir.
– Dans ce cas, l’étape 2 peut utiliser les lignes / trainées / empreintes noires et ajouter la couleur pour accentuer les effets de rythmes.

– Dans l’étape 2, les élèves peuvent s’associer par trois ou quatre. Le nombre plus conséquent de leurs expérimentations (une vingtaine), permet un travail sur la mise en espace dans la salle de classe de leur rythme visuel, qui peut prendre en compte l’architecture du lieu et devenir une véritable installation

– Dans l’étape 2, la question de l’utilisation ou non de la boîte a été posée. Celle-ci a en effet elle aussi gardé des traces des objets. Elle peut faire partie de la réalisation et l’étape 2 peut alors conduire à un travail d’assemblage en volume.

*Objectif :

assemblage, collage & composition

*Références artistiques :

Pollock, Richter, John Cage, Kandinsky

J. Pollock: Numéro 8 1949

G. Richter: Station 1985

John CageCage: lien vers vidéo

Kandinsky: Composition V 1911

– Etape 3 : le travail peut trouver un prolongement accentuant les liens entre musique et arts plastiques.
La référence à John Cage peut être un point de départ à une nouvelle proposition autour du son et des bruits du quotidien comme partie intégrante de l’œuvre. Le groupe Stomp peut également être évoqué.

Dans ce cas, la séquence s’inscrit davantage dans les programmes de troisième : Réalisez une sculpture sonore en vous appuyant sur la propriété des matériaux et l’interactivité avec le spectateur.
Autre prolongement possible : Réalisez un montage vidéo qui crée, par les couleurs et les effets graphiques, un rythme visuel sans avoir recours au son.

*Références artistiques :

le cinéma expérimental (Bauhaus, Moholy-Nagy, Man Ray…), Norman Mac Laren.

BauhausBauhaus: lien vers Moma Moholy-NagyMoholy Naguy: Rutschbahn 1923

ManRay: Ray-o-Graph-III 1927

Norman Mc-Laren: Pas de deux 1968 lien vers vidéo


Groupe 2 :

LE COUREUR DU GRAND RAID, DERNIERE LIGNE DROITE AVANT L’ARRIVEE!

– Etape 1 : En vous déplaçant autour d’un objet présent dans la classe, dessinez en trois vues différentes.
– mise en commun, observation des différents cadrages trouvés (gros plan, plongée, contre-plongée, plan moyen…)
– Etape 2 : Un coureur du grand raid, loin devant les autres, finit sa course et approche de l’arrivée. Montrez sa rapidité par différents cadrages : réalisation d’un story-board, de 5 à 8 vignettes, format 24 x 32.

*Objectif :

l’image séquentielle

Elaborer des images et les monter en séquence en ne suggérant le mouvement que par le travail du cadrage.

*Références artistiques :

analyse filmique d’un extrait de Duel de Spielberg.

Cette séquence peut donner lieu à une analyse filmique plus approfondie, en comparant différents passages de films évoquant une course-poursuite : La Mort aux trousses d’Hitchcock, Sin City de Frank Miller, La Féline de Jacques Tourneur, La Jetée de Chris Maker.

– Prolongement possible : En vous inspirant des différents procédés analysés dans les films, synthétisez en une image unique la course-poursuite avec ces effets de tension et de suspens.

*Références artistiques :

Monory

Monory: Meurtre n°10 1968-69

Groupe 3 :

LA METAMORPHOSE:

Cette séquence se divise en deux temps.
– Etape 1 : Racontez l’histoire de la métamorphose d’un objet de votre trousse. Prenez en photo chaque étape de sa transformation (entre 20 et 30 photographies)
– ou autre formulation : un objet de votre trousse prend vie en 30 images.

*Objectif :

le détournement de l’objet

Fabrication/assemblage par trois et prises de vue photographique (angle de vue frontal, devant une surface blanche ou unie).
Pour permettre à tous les élèves d’être actifs, nous avons imaginé travailler sur le modèle du cadavre exquis: chaque élève du groupe prend la suite de la transformation de l’objet. Au lieu de trois élèves par groupe, la réalisation peut se faire à quatre ou cinq.

*Références artistiques :

Duchamp, Picasso, Laurens, Dali, Oppenheim.

DuchampMarcel Duchamp: Roue de bicyclette 1913 PicassoPicasso: 11 états successifs de la lithographie Le Taureau 1945 Henri Laurens: Pochoir et aquarelle 1929 Dali: Metamorphose de Narcisse 1936-1937 Meret Oppenheim: Le déjeuner en fourrure 1936

– Etape 2 : A l’aide de logiciels comme Moviemaker, iMovie…, réalisez une séquence animée qui montre cette métamorphose.

*Objectif :

l’utilisation du numérique à des fins narratives

Le travail est axé dans cette étape sur le montage filmique : animer les images sur logiciel par le rythme, l’ellipse, le flashback, les répétitions, les transitions, en évitant l’écueil du filtre gadget. Il s’agit d’une première approche simple d’utilisation de logiciel de montage, que les élèves peuvent réaliser par deux.

*Références artistiques :

Muybridge, Marey, Norman Mac Laren, Oskar Fischinger, les débuts du cinéma (Arrivée du train en gare de la Ciotat), le making of de dessins animés (Wallas & Gromit, Persepolis).

E. Mutbridge: les allures du cheval 1878 J. Marey: Escrime ≈1880

Norman Mc Laren: Chairy Tale 1957

lien vers vidéo

Oskar Fischinger: Early abstraction 1946- lien vers vidéo

Les Frères Lumière: Arrivée d’un train en gare de la Ciotat 1895 lien vers film Wallace et Gromit: film d’animation 1985-2005Wallace&Gromit: Lien vers la vidéo Persepolis, film d’animation 2007  Lien vers la vidéo

– Les références à la chronophotographie de Muybridge et Marey peuvent être présentées avant la deuxième étape du travail. Elles permettent aux élèves de comprendre le passage de l’image fixe et séquentielle à sa mise en mouvement.

*Histoire des arts :

Cette séquence ouvre à un travail plus transversal qui peut s’inscrire dans la thématique «Arts, techniques et expressions». Elle permet en effet d’interroger l’oeuvre d’art et les innovations techniques comme la photographie et le cinéma et de créer des liens avec les sciences (principe de la persistance rétinienne).


Groupe 4 :

THEATRE D’OMBRES:

– Etape 1 : dessinez une silhouette en carton, découpez-la et mettez-la en mouvement. 20 min de réalisation, mise en commun/observation des différentes mises en mouvement possibles.
– Etape 2 : Théâtre d’ombres : par groupe de 4, mettez en scène vos personnages dans une activité sportive. Mise en scène muette. Choix du sport/rôle de chacun, essai des ombres, passage de chaque groupe devant la classe. La représentation est filmée.

*Références artistiques :

Le théâtre d’ombres traditionnel (en Indonésie : le Wayang et en Chine : le PiYing), Le théâtre d’ombres de Boltanski, le carrousel d’Hugues Reip (Nuit blanche 2009), Le cirque de Calder (manipulation à vue)

Théâtre d’ombres WayangWayang: lien vers vidéo
Théâtre d’ombres Pin Yin  lien vers vidéo Boltanski: theatre d’ombres 1986 Hugh Reip: Carrousel 2010 Calder: le Cirque 1920

Pour l’étape 3, plusieurs pistes ont été envisagées :
– première proposition : visualisation des scènes filmées, observation des rythmes / mouvements / déplacements / mise en espace qui permettent la compréhension du sport choisi. demande : A partir de ce qui a été observé, condensez en une seule image ces différents rythmes / mouvements / trajectoires spatiales / traces de l’activité sportive. Format raisin, par groupe. Possibilité d’utiliser les personnages de carton, peinture.

*Objectif :

condenser le temps en une seule image, exprimer/représenter le mouvement; comprendre la différence entre le mouvement réel (temps et espace) et le mouvement représenté

*Références artistiques :

le Futurisme (décomposition du mouvement)

Giacomo Balla: Let Lastavica 1913 Boccioni: La charge des lanciers 1915 Gontcharova N.: Le cycliste 1913

– deuxième proposition : exploitation du film du théâtre d’ombres.
Réalisez une installation qui répète, multiplie, amplifie le mouvement des personnages et de l’activité sportive. Le film projeté fera partie de l’installation.
Cette proposition s’adresse plutôt à une classe de niveau troisième.
Matériaux diverses, possibilité d’utiliser les personnages de carton

*Objectif :

mise en espace/mise en scène à travers la pratique de l’installation

*Références artistiques :

Annette Messager, Boltanski, Pierre Huygue, Pierrick Sorin.

Annette Messager: les Piques 1991 Boltanski: Monumenta 2010 Pierre Huyghe: Recollection 2011 P. Sorin: visualiseur d’images personnelles 2004